La démocratie se définit à la fois comme un régime politique, comme une activité citoyenne et comme une forme de société. La question qui se pose tout au long de son histoire est de savoir comment faire participer à la vie politique un peuple qui, ayant exprimé son vote, se retire du processus décisionnel. Ainsi s’installe une tension entre deux volets de la représentation démocratique, celui de la figuration de la société où il s’agit d’incarner autrui, et celui de la délégation politique où l’objectif est de parler pour autrui. Le représentant devrait être à la fois l’image et le délégué du citoyen. Or, dans l’histoire contemporaine, on observe une dissociation croissante entre ces deux composantes au profit de l’idée de délégation. Comment, en effet, figurer une société qui, en tant que peuple constitue une unité, mais en tant qu’ensemble de citoyens est l’image même de la diversité ? Entre le totalitarisme du XXe siècle, le populisme actuel et le désenchantement démocratique croissant, Pierre Rosanvallon aborde les grands défis auxquels la démocratie moderne est confrontée.